L'emploi d'enfants encore jeunes, en particulier dans le textile, fut une autre conséquence de la révolution industrielle, surtout en Angleterre. En vertu de la législation sur les pauvres, les paroisses, ayant à leur charge les indigents, consacraient une partie de leurs ressources à leur entretien. Elles virent dans la demande élevée de main-d'oeuvre qui venait des nouvelles usines un moyen de se défaire d'une lourde charge. De leur côté, les manufacturiers puisèrent sans vergogne dans cette réserve à bon marché. Sur le sort des enfants, les témoignages varient, allant de la cruauté brutale à une certaine humanité. Le traitement dépendait des maîtres, et aussi du secteur industriel, la situation étant en général meilleure dans les filatures que dans les mines et les usines métallurgiques. Un mouvement de réglementation s'esquissa en Angleterre dès le début du XIXème siècle, portant à la fois sur la limitation de la durée du travail et l'imposition d'un âge minimum pour l'embauche des enfants (lois de 1802, 1819, 1825, 1831). Mais les inspecteurs des manufactures, chargés d'appliquer ces lois, apparurent seulement en 1833. La Prusse fut à l'avant-garde de la réglementation, avec un retard sur l'Angleterre, puisque des inspecteurs du travail furent nommés seulement en 1853. Quant à la France, aucune réglementation durable ne fut mise en vigueur avant la fin du XIXe siècle.
Le texte ci-dessous est extrait d'un récit de J. FIELDEN, écrit en 1836.
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